dimanche 16 octobre 2016

Libérés, délivrés

Aucun passage secret ne peut être mis en évidence dans la salle inondée. Les fondations commencent a trembler, comme si elles étaient prises de spasmes, comme si la maison était, elle, vivante, contrairement à ce qui l'habite.
Un sentiment d'urgence nous assaille et, tels des rats pris au piège, nous commençons à paniquer. On remonte vers l'étage supérieur dans l'espoir de voir à nouveau la porte menant au grenier réapparaître. Mais de vrais rats déboulent, eux aussi pris au piège. Ils n'hésitent pas et descendent vers la salle inondée. Pensant qu'il vont trouver la sortie pour nous, on les suit. Ils s'éparpillent sous l'eau. J'essaie vainement d'en mettre un en laisse mais nous finissons par trouver leur porte de sortie : des canalisations bien trop étroites.
Des pans de murs commencent maintenant à s'effondrer. Je remonte vérifier ce qu'on n'a pas pris le temps de faire au moment de l'apparition des rats : l'accès au grenier. Et il a effectivement réapparu ! N'osant pas repartir de peur qu'il disparaisse à nouveau, je crie pour appeler les amis. Heureusement qu'ils m'entendent. Nous pouvons donc atteindre le grenier.
Sans attendre, le nain descend par l'escalier vers la porte d'entrée mais pour ma part, je passe par l'accès du toit ouvert plus tôt, accroche une corde et descends, mais il reste encore deux étages, la corde étant trop courte, largement. La solution m'est fournie par le dragon qui dort en moi : un petit mot et dans un nuage de brume je réapparais au sol, hors de la maison hantée.
Toutes les issues sont barrées par des planches. Je commence à m'atteler à ouvrir un accès pendant que de son côté le nain attaque la porte. De menaçant nuages verdâtres s'échappent de la maison. Je doute qu'il soit très sain de les respirer pour ceux piégés à l'intérieur. Heureusement Shasha et Mehmet peuvent sur ce coup compter plus sur le nain que sur moi ! La porte est explosée et tout le monde est dehors, sain et sauf.
Vue de l'extérieur, l'illusion de maison cossue se révèle : une maison en ruines depuis longtemps abandonnée.

Enfermés dehors

Il fait nuit, il n'y a personne dans les rues mais quelques lumières éclairent ça et la les maisons du petit village surmonté par le menaçant château seigneurial. Une auberge, Le Sang du Vin, est ouverte. A part ĺe tenancier, il y a trois femmes à l'air sombre ainsi qu'un homme blond qui, contrairement aux autres, a l'air affable et souriant. Il nous paie même les repas et se présente : Ismark "Moins-que-rien" Indirovich, fils du bourgmestre décédé il y a trois jours, qui essaie de noyer son chagrin.

Haro sur les vampires !

L'homme, bien que tourmenté par son deuil est affable et nous apprend ce que nous avions que partiellement entrapercu. Nous sommes en Barovie, pays maudit sous la domination du seigneur Strahd von Zarovich.
Strahd règne sur le pays depuis environ un millénaire ! Normal, c'est un vampire de la plus puissante des espèces. Il était aussi de son vivant un guerrier sans égal, mais surtout impitoyable.
La légende dit qu'il était jaloux de Sergueï, son frère, qui fût son opposé et le préféré de sa mère Ravenovia. Fou de rage après que Sergueï eut épousé la femme qu'il convoitait, il tua alors ce dernier sous les yeux de la jeune épousée. Plutôt que de se donner à l'assassin de son mari, elle préféra alors se jeter du haut des remparts du château de Ravenloft. Celui-là même qui surplombe encore le petit village. Celui-là même qui est encore aujourd'hui le repaire du comte vampire.
Ivre de rage, Strahd a ensuite bu le sang de son frère et c'est là que les Dieux l'ont maudit. Il est devenu un vampire et son petit pays a été arraché de son monde pour se retrouver seul, au milieu de l'éther, entouré de brumes infranchissables.
Depuis mille ans, Strahd cherche le moyen de s'échapper de cet endroit et tient la population sous son joug cruel, aidé en cela par les rats et les loups, mais aussi par les Vistani, un ancien peuple de nomades qui sont maintenant ses yeux et ses oreilles.
Je m'étonne que devant la cruauté dont fait preuve Strahd depuis tout ce temps et la peur mêlée de haine qu'il doit inspirer, personne n'ait pu monter une rébellion. Strahd a beau être un formidable guerrier, un peuple qui s'unit peut être beaucoup plus puissant, lui dis-je.
Il m'indique que, de temps en temps, des étrangers arrivent par les brumes en Barovie. Ils sont étroitement surveillés par Strahd et ses sbires. D'ailleurs, l'année passée a amené un grand sorcier, dont étrangement tout le monde a oublié le nom. Il a réussi à s'allier à la population pour combattre Strahd. Il en est mort et la révolte a été sauvagement réprimée. Pas sûr que le peuple se soulève à nouveau avant que pas mal d'eau coule à nouveau sous les ponts...
Les Vistani seraient les seuls à pouvoir, dans une certaine mesure, traverser les brumes pour aller et venir entre la Barovie et les mondes extérieurs, et permettre un commerce très minime dans le pays.
J'en déduis que, comme pour la sorcière que nous avons rencontrée, ce sont eux qui amènent de temps en temps les étrangers, comme nous, dans leur pays maudit. Je ne serais pas étonné qu'une prophétie indique que seuls des étrangers pourraient lever la malédiction et que Strahd en fasse venir parfois l'un ou l'autre pour lui servir d'outil.

Aussi invraissemblable qu'elle paraisse, l'histoire me paraît cohérente avec ce que l'on a pu déjà appréhender du coin. Je décide donc de la croire et de me l'approprier. Et surtout, je ne compte pas servir d'outil à Strahd. C'est lui qui sera mon outil pour nous sortir de ce pays maudit ! Lui et ses sbires les Vistani qui détienne la clé de la sortie, clé dont ils ne peuvent sans doute pas faire bénéficier Strahd. Après avoir été enfermés dans une maison hantée, nous ssommes maintenant enfermés dans un pays.
Haro sur les vampires et toute leur clique !

Sinon, on comprend que ce n'est pas seulement pour nous parler de son pays que Ismark nous a invités à sa table. Stradh en veut à sa soeur Ireena et il ignore pourquoi. Leur maison n'a eu de cesse d'être attaquée par les loups depuis plusieurs jours et son père, le bourgmestre, en est mort de peur il y a trois jours. Depuis, les attaques ont cessé - étrange lorsque l'on sait que Strahd semblait plutôt, aux dires d'Ismark, en avoir après sa soeur. Cela déconcerte aussi Ismarck. Je pense qu'avoir un avis extérieur sur le défunt bourgmestre pourrait nous être utile...
En tout cas, personne au village ne veut transporter le défunt vers l'église, car ils sont vus comme une cible pour Strahd et il est dangereux d'aider la cible du seigneur ! Nous lui proposons bien évidemment notre aide pour cela, la situation est indigne pour cette famille.
En fait, il nous engage même pour 25 pièces d'or par personne et par jour pour l'escorter, lui et sa soeur, jusqu'à Vallaky, la plus grande ville du pays. Le voyage est dangereux, mais il veut mettre le plus de distance possible entre Strahd et sa soeur, et laisser tout derrière eux maintenant que leur père est mort.
25 pieces d'or, cela nous semble une fortune sur le coup, mais lorsque nous découvrirons les prix pratiqués, on relativisera vite...

Quoi qu'il en soit, nous nous rendons de nuit au manoir des von Indirovich. Le bâtiment porte les séquelles des attaques : coups sur les portes, griffures sur les volets...
C'est le moment que choisit le nain pour s'écouler comme une merde par terre, restant presque inconscient, avec une lueur béate idiote sur son visage. Le diagnostic est vite fait pour moi : il a été drogué par la pâtisserie qu'il a achetée en chemin chez une vieille colportrice ambulante. Il faut dire que la vieille était très louche : Ismark ne la connaît pas alors que dans le village, tout le monde se connaît ; une vieille déambulant seule dans la nuit ; Shasha qui semble contrôler de mieux en mieux ses pouvoirs semble dire que d'elle et de son chariot émanent de la magie et enfin j'ai entendu au loin des clients la supplier de lui vendre encore de ses pâtisseries. Je pense qu'on devra surveiller ça au réveil. En tout cas, la présentation avec Ireena est assez étrange, vu qu'on arrive et qu'on plante directement un nain dans un lit.
La soeur est mignonette et confirme les dires de son frère. Elle ne sait pas ce que Strahd lui veut, mais elle ne se rappelle plus trop de leur confrontation.


Ayant perdu ma dernière page de parchemin, sans doute en préparant mon paquetage - peut-être la retrouverai-je chez les von Indirovich - je résume ici brièvement mes dernières journées.

On a découvert d'abord que la demoiselle avait plus qu'été approchée par Strahd. Elle s'est fait mordre.
On ne sait pas trop si la malédiction est systématique ou si elle prend un peu de temps avant de se déclencher, mais je compte bien surveiller la jolie. Jolie que Shasha lorgne du coin de l'oeil pour une toute autre raison, se moquant du fait qu'elle ne soit plus tout à fait humaine...
Haro sur les vampire pensé-je à nouveau pour ma part !

Si les von Indirovich veulent nous tendre un piège, ce ne sera pas pour ce soir. On décide de profiter d'une bonne nuit dans un lit, sans tout de garde exténuant, avant de partir vers les bois et la brume pour Vallaky.

Le lendemain, on se rend bien à l'église des Seigneurs de l'Aube - une divinité locale, le pays n'étant finalement pas sans dieux - sans doute opposée à ce qu'incarnent Strahd et sa clique.
Hélas, le Père Donavich est en plein dilemme moral, dilemme qu'il ne pourra évidemment pas résoudre car on apprendra que cela faisait un an que cela durait. Son fils est enchaîné dans la crypte et réclame du sang pour se nourrir. Pâle, les canines acérées, il est devenu vampire.
Alors que Mehmet et le nain restent les bras ballants devant cette scène, je décide d'agir avant que l'inertie nous vainque tous : j'electrocute jusqu'à la mort, longue à venir, le jeune vampire devant les yeux horrifiés de son père.
Haro sur les vampires !
Je sais que c'est cruel, mais toute autre solution l'aurait été encore plus à mon sens. Il pourra ainsi transformer un peu de son chagrin en haine à mon égard. Pendant qu'une larme de glace glisse sur ma joue, je pose une main sur l'épaule du prêtre pour lui expliquer en deux mots que j'ai fait ce qu'il n'aurait pas pu faire, qu'ainsi l'âme de son fils pourra peut-etre être sauvée ; puis je la laisse quelque temps avec son fils.

Une fois le prêtre en état de parler, il nous explique que son fils est devenu vampire suite à la révolte de l'année dernière levée par le sorcier étranger - toujours sans nom - et lavée dans le sang par les von Zarovich.
En effet, ce n'est pas de si tôt que la population se relèvera contre son oppresseur... On sera donc presque seuls si on veut aider ces pauvres gens.

On exécute la procédure qui a été expliquée à Mehmet pour que le vampire ne se relève pas : le nain lui coupe le tête et lui enfonce un pieu dans le coeur, je lui place de l'ail dans ses orifices.

Pendant que Shasta et le nain vont acheter un cercueil pour le garçon, le nain qui a dit aller juste faire un tour disparaît. La cérémonie pour le bourgmestre et le fils du prêtre se déroule sans lui.

Nous rentrons, en croyant le retrouver à l'auberge ou au manoir des von Indirovich, mais il n'y est pas. On retourne à l'église, des fois qu'il s'y serait aventuré plus tard mais aucune trace de lui. Par contre, le prêtre n'a pas attendu longtemps : nous le retrouvons, hélas, pendu ! Puisse-t-il retrouver son fils.
Il fait nuit, pas question d'enterrer le pauvre homme cette nuit. Par précaution, nous faisons subir à son corps le même sort qu'à celui de son fils car on va le laisser sans surveillance toute une nuit, sachant tout ce qui rôde autour la nuit d'après les dires que l'on a pu entendre jusqu'ici.
Quant au nain, il faut espérer qu'il n'ait pas tenté de retrouver la vendeuse de gâteaux dans ses collines pour acheter sa dose.

Le lendemain, le nain est bien là, il était allé à la maison hantée des Durst et est revenu avec une carte de la région.
Quelle bonne idée ! Je le prends avec moi pour récupérer les bijoux des Durst qui n'en auront plus besoin et étaient peut-être des nécromants. Pendant ce temps Mehmet et Shasha prennent un nouveau cercueil pour mettre le Père Donavich dans le mausolée au côté de son fils. Comme il n'y a plus de prêtre, je dis quelques mots au nom du Dragon d'Argent, puisse-t-il nous entendre...
Et ce n'est pas impossible vu la confidence d'Ismark sur l'existence d'anciennes constructions en lien avec ce dernier dans le pays. Ismark et la bibliothèque des Durst n'en savent hélas pas plus. Mais j'enquêterai !