On décide finalement d'essayer de passer la nuit tranquille. C'est à nouveau un échec patent !
Un druide furibard s'introduit dans la chambre des ouvriers où je dormais à poings fermés. Encore dans mon lit, je dois, pour me défendre, l'abattre d'une vague glaciale. Ça se bat dehors.
Shasha était de garde, en première ligne, et est tombé sous les coups du druide. Je le mets à l'abri pendant que
Mehmet et
le nain se débarrassent des deux autres envahisseurs. Encore trois hommes de morts. Au final, pour quoi ?
En tout cas, les autres druides prisonniers sont toujours là.
On peut enfin finir notre nuit, un peu angoissé.
En me réveillant le lendemain matin, je me rappelle combien précieux est le privilège de vivre, de respirer. Mais, avant qu'on ne discute de la marche à suivre, Mehmet se rend dans la forêt pour essayer de rapatrier
Davian Martikov, le Sorcier du Vin, et sa famille, afin qu'ils reprennent possession de leurs biens. Nous n'avons pas le temps de remettre la demeure en état, mais les corps des druides morts sont en voie d'être carbonisés dans un crémotarium improvisé à ciel ouvert, alimenté par tout le bois mort que l'on a abattu précédemment.
Le vigneron nous remercie chaleureusement en nous offrant 2 bouteilles de Champagne. Il dit que nous pourrons en tirer 200 pièces d'or la bouteille. J'imagine qu'à ce prix le breuvage doit être excellent, voire avoir des propriétés quasi-magiques ! Mehmet embarque les deux bouteilles qu'il ajoute à la cassette qu'il a déjà prise dans la chambre de Davian. La lui a-t-il rendue comme il indiquait vouloir le faire hier ? Nul mot là-dessus. Il faudra faire le point.
Quant à la cave, Davian dit qu'effectivement elle sert à conserver son vin à une température optimale.
Nous n'avons toujours pas mis la main sur une quelconque relique dont parlaient les tarots, ni sur aucune des pierres de fertilité. Les druides n'ont rien sur eux. Davian suggère qu'ils pourraient les avoir rapportées à leur campement à quelques heures d'ici. Pourquoi pas, mais ça doit encore grouiller là-bas. Ca ne serait pas de tout repos. Mais comme disait le moine San Bonitus Jovio, nous dormirons lorsque nous serons morts ! Allons-y alors !
Tout d'abord, il faut s'assurer que rien n'a été caché dans la cave. Bahamut me donnera la force pour résister au froid polaire. Correctement couvert, j'entre. Mon coeur manque de s'arrêter tant la froidure est saisissante. Je commence par explorer, mais n'ait pas le temps d'aller trop loin lorsqu'une créature spectrale apparaît soudainement face à moi. Je me retire très vite, sachant que je ne pourrai lui faire face. Il ne me poursuit pas.
Il faut le bannir d'ici et nous n'avons qu'une épée permettant d'atteindre les créatures vivant dans l'espace entre les vivants et les morts. Mehmet, qui est décidément notre bête de somme, équipe le nain de la petite épée d'argent. Il se rue à l'intérieur et ne tarde pas à renvoyer la créature entièrement dans le monde des morts.
Mais hélas, grande déception : absolument rien d'intéressant dans cette cave.
Lorsque nous annonçons à Davian avoir chassé le mauvais esprit qui hantait sa cave - il l'ignorait - il nous gratifie d'une nouvelle bouteille que le nain prend.
Nous passons le reste de la journée à remettre la maison en état - sauf pour Shasha qui s'est consciencieusement caché on ne sait où, comme à son habitude, pour éviter toute corvée manuelle.
Le soir, par contre, il tient absolument à effectuer un rituel pour invoquer un familier, idée qui l'obsède depuis quelques jours. Il nous parle de démons à son service ou de pseudo-dragons. Il faut le protéger de ses tentations de puissance facile. Pactiser avec le démon n'est pas la bonne voie, il va y perdre son âme. Le pseudo-dragon est parfait et symbolise notre attachement à Bahamut, s'il ne le traite pas comme sa créature, mais comme son compagnon.
Mais c'est hélas un démon qui apparaît, prêt à servir son nouveau maître.
Les forêts ici sont maléfiques : point de dragon ici. Je savais qu'il aurait fallu le faire à
Argin Volstolt, là où était l'Ordre du Dragon d'Argent. En attendant, Shasha révoque cette créature malfaisante.
Nous pouvons enfin passer une nuit au calme avant un départ pour le campement des druides noirs.
À l'ombre de l'arbre de Gulthias
Nous y voilà. Une colline surmontée de pierres dressées avec des chemins concentriques parcourus par des arbrisseaux animés. Pas de doute, nous sommes au bon endroit. Nous abattons rapidement la trentaine d'arbrisseaux protégeant l'accès au sommet de la colline en séparant le groupe en deux. Mehmet, le plus rapide d'entre nous, court pour attirer un groupe, espérant qu'il ne pourra pas être rejoint, tandis que le nain, Shasha et moi nous occupons de ceux n'ayant pas poursuivi Mehmet. Puis, à distance, nous libérons peu à peu Mehmet de sa meute de poursuivants, qui tournait en rond autour de la colline dans une sorte de danse macabre.
Au sommet, à l'extérieur du cercle de pierres, un arbre. Il émane de lui une aura maléfique, presque palpable. Une cognée magique y est enfichée. Au pied de l'arbre, un squelette est étendu. La cognée empêche-t-elle l'arbre d'émaner plus de d'énergie noire ? Est-elle l'un des artefacts qui nous permettra de vaincre
Strahd ? Connaissant les créatures surnaturelles qui hantent la région, nous optons pour le seconde solution. Shasha et moi, de nos mains de mage, nous détachons la hache à distance. Pas de cataclysme. Le nain la prend avec lui. Cet arbre ne serait-il pas le fameux arbre de Gulthias ?
Hors de question de traîner là plus longtemps, les druides ne vont sans doute pas tarder. Nous pénétrons à l'intérieur du cercle de pierres, mais l'endroit attire la foudre qui n'arrête pas de tomber non loin de nous. Une statue de bois, sans doute de Strahd von Zarovich, trône dans le cercle. L'endroit est malsain. Je voulais le quitter pour l'explorer de plus loin avec Shasha. Mais nous n'avons pas le temps de ressortir : dans toute la périphérie du cercle, 6 druides et 6 guerriers aux yeux fous,issus de nulle part, nous encerclent. Inutile de négocier, ils sont là pour nous occire !
Il y a d'un côté Shasha et moi, rapidement encerclés par la moitié du groupe, et de l'autre, près de la statue, le nain et Mehmet. Il faut tenir avec d'espérer que la machine ne nous vienne en aide. Nos sortilèges sont trop faibles pour nous défendre efficacement et les quelques coups que les brutes nous portent deviendront bientôt insoutenables. Les guerriers sont aussi des machines robustes et, avec Shahsha, d'un commun accord, nous faisons retraite après avoir retardé au plus l'échéance. Il devient invisible - un nouveau tour qu'il vient d'inventer - alors que je me transporte d'un clin d'oeil sur une des pierres levées. Je me retrouve en hauteur, mais pas totalement à l'abri des armes de mes assaillants. Mehmet, de son côté, prend un mauvais coup et se retrouve au sol, sans défense autre que le nain. Heureusement ce dernier est increvable. Il finit par se débarrasser de ses ennemis pendant que Mehmet, réapparu au loin, arrose d'énergie magique les assaillants en contrebas de ma position. Lorsque le nain s'est débarrassé de sa dernière cible, je saute de l'autre côté du cercle, hors de portée, pendant que Shahsha court au chevet de Mehmet. Les deniers ennemis finissent par tomber.
Mehmet est vivant, Shasha et moi sommes lardés de coups et exténués, mais vivants également. C'est un miracle. Le nain, inarrêtable, fait tomber la statue de Strahd pour marcher dessus, symbolisant notre future victoire sur la dictature.