Ça y est, je suis mort !
Mais comment puis-je formuler cette pensée si c'est le cas ?
Je
ne suis pas dans le royaume de Bahamut, il ne me permettrait pas de
voir mon corps privé de sa tête dans une pièce obscure à côté de celui,
dans le même état, de mes compagnons d'infortune.
Je dois être dans l'un des plans infernaux, maudit ou condamné à l'enfer par mes actes.
La
trahison envers mon ordre qui avait vu en moi la réincarnation d'un
dragon et m'avait éduqué m'a été fatale. La première étape de mon
purgatoire a été Ravenloft, puis, plus brièvement, le Darkon, et maintenant là !
J'ai
essayé de me racheter en essayant de libérer l'âme d'un grand dragon
vivant dans ce plan. Je ne sais pas si j'ai réussi ou échoué.
J'ai
visiblement échoué. J'ai sans doute trop de sang sur les mains. Mais
j'ai l'impression que ce n'était que pour me défendre, toujours !
Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi contemplé-je mon corps ?
Mes souvenirs reviennent.
On a été attaqué dès notre arrivée par un guerrier qui privé de tête. Il a tranché celle de von Richthofen et celle de Mehmet. Sans doute la mienne par la suite.
Et à présent, je vois mon corps... par mes yeux !
Je peux parler, je peux voir, mais je suis mort !
Un autre mort apparaît, une liche dira la tête de von Richthofen. Et même, La liche, celle qui contrôle le Darkon.
De mieux en mieux.
On passe de von Zarovich, un vampire, à Azalin - c'est son nom, une liche.
Je voyage dans les royaumes des morts sans repos. J'en suis moi-même un.
Azalin dit qu'il va nous envoyer dans le passé et qu'il est intéressé par ce qu'il va se passer.
Je
perds connaissance et me réveille. Je suis un elfe. Je suis à
Ravenloft. Je suis un invité du mariage raté de Strahd avec la femme de
son frère.
Strahd est détruit, il est hors de question d'aider une liche.
Je vais saboter son plan.
Je m'approche des prêtres préparant à officier. Stradh n'est pas là.
Me
voici debout sur l'autel, hurlant à la surprise de tous que Strahd est
condamné, qu'il va périr sous les coups de Mehmet. La salle est
stupéfiée de l'intrusion. Un prêtre tente de me calmer, je l'insulte. Au
second, plus proche de l'autre, j'envoie un coup de pied en pleine tête
puis prend mes jambes à mon coup - l'elfe est agile !
Je cours, j'entends un hurlement féminin - sans doute le suicide de Tatyana - puis les gardes, non sans mal, parviennent à me maîtriser et je perds connaissance.
Lorsque je me réveille, c'est un massacre.
Tout le monde est mort, les corps sont souvent déchiquetés.
Je
hurle, j'appelle Strahd. Il arrive, l'air furieux et je l'insulte de
tous les noms, lui disant à nouveau qu'il va périr des mains de Mehmet.
La
roue du temps tourne : je me rends compte que c'est là que je me suis
peut-être maudit moi-même, que c'est moi qui ai amené Strahd à appeler
Mehmet et moi sur son royaume maudit !
Le destin est cruel !
Et Strahd se défoule sur le corps du pauvre elfe que je possède.
Me voilà de retour dans le laboratoire devant Azalin qui semble satisfait.
Que s'est-il passé pour les autres ?
Il
leur dit qu'il pense que le pendentif est très intéressant et qu'il va
nous renvoyer pour qu'on le prenne. Les malheureux collaborent !
J'insulte Azalin. Elle ira se faire foutre, nous ne ferons rien et nous nous suiciderons dès que nous arriverons.
Je ne pars pas, les autres si.
Le temps est long, la souffrance immense.
Azalin me fait payer mon manque de collaboration.
Je sais que je suis mort, mais la souffrance est réelle !
Ils reviennent après une éternité et Azalin passe à autre chose, enfin.
Je pense avoir perdu un œil et des dents. Quelle importance ! C'est drôle que cela puisse même me préoccuper.
Azalin
est satisfait du travail des autres et disparaît en se téléportant en
nous laissant avec des gardiens : un diablotin bavard et un être
mi-homme mi-serpent que von Richthofen qualifie de Naja.
Pas un mot ne sort de ma bouche.
Le diablotin et le naja ne sont pas les meilleurs amis du monde et le naja est semble-t-il esclave d'Azalin.
Tout
seul, dans un accès de bêtise insondable, le diablotin en parlant trop
nous fait comprendre qu'il est possible de rattacher notre corps à notre
tête en utilisant un onguent présent dans la pièce voisine.
Et je
vois le corps de la gitane, Ezmeralda, qui commence à remuer. Une sorte
de gel noir couvrant la blessure à son cou est tombé et elle fait tomber
celui qui recouvre mon cou. Je peux bouger mon corps. La sensation est
étrange.
Forts de ce pouvoir, il est alors facile de se débarrasser de nos gardiens.
Mais
le diablotin se rend invisible. Je bouche de mon corps la sortie pour
éviter qu'il ne s'échappe pendant que nous maîtrisons le naja. Mais il
n'est pas là. Peut-être s'est-il téléporté finalement, comme son maître
qui va vite être au courant de notre évasion. À moins qu'il n'ose pas
le lui dire, de peur des représailles, ce qui est tout aussi probable.
Le
laboratoire nous apprend comment fonctionne cette magie noire et nous
pouvons rattacher nos corps à nos têtes et nous retrouver unis avec
nous-mêmes.
Reste que je suis toujours certain de n'être qu'une âme
dans le royaume des morts et que je dois me racheter dans cette nouvelle
étape.
Que dois-je faire ? Détruire Azalin cette fois ?
Où irai-je après ? Devrai-je faire les 666 étapes pour ma rédemption ?
Commençons déjà par la seconde dans ce cas...
On
détruit le laboratoire, les documents sur le rituel et, avec Mehmet,
Ezmeralda et von Richthofen, quittons les lieux par le trou de rat
laissé par le diablotin (il paraît qu'il avait un nom, mais il est
insignifiant, je l'ai oublié).
Nous débouchons à l'intérieur
d'une cage en os gardé par une sorte de golem d'os. Je le détruis en
faisant se lever une tempête d'ossements et nous pouvons poursuivre.
Nous montons, de plus en plus haut.
Nous sommes dans un énorme château, chez Azalin même.
Pendant
cette exploration, Mehmet, sous l'insistance d'Ezmeralda, me révèle
qu'il s'est fait tirer les cartes avant d'entrer au Darkon. Ezmeralda
semble visiblement croire en cet art ancestral des siens et je commence à
concevoir que cela peut être une façon de manipuler les flux
divinatoires.
Or, les cartes lui ont révélé trois choses dont les deux premières se sont déjà produites.
La troisième, il faut donc la reprendre en compte : une âme perdue, un monstre, nous révèlera notre destin.
Bon, en même temps, ai-je envie de savoir que je suis sur le second plan sur 666 qui mènera à ma rédemption ?
Nous
montons vers les sommets de ce château désert avant de se faire une
nouvelle fois attaquer par de nouveaux morts-vivants. Des âmes perdues ?
Essayant
de survivre, je crois avoir finalement compris : nous sommes entre deux
mondes. Ni parmi les morts, ni parmi les vivants...