dimanche 25 novembre 2018
L'abbé s'est dévoilé
Souhaitant que l'abbé nous montre sa bibliothèque, nous lui demandons s'il est possible de visiter les lieux. Il y consent volontiers nous présente d'abord un artiste du violoncelle. La créature n'a rien - ou plus rien - d'humain : muni de deux têtes dont l'une d'un chérubin inconscient, des jambes de bête, il a une main énorme et une pince de crabe à la place de la seconde. Malgré cela il joue de son instrument mélodieusement.
C'est Colvin Belview. L'abbé accueille Colvin et le reste de sa famille, ses égarés, car ils ne peuvent plus vivre en société. Il protège les Belview de Krezk, tout en protégeant Kersk des Belview , une famille qui semble maudite. Les effets de la malédiction vont généralement en empirant et, outre Colvin, seuls Otto et Zygfred conservent encore une once de sociabilité, nous explique-t-il.
Colvin pratique son instrument dans la salle de travail de l'abbé qui nous révulse tous - j'essaie de ne pas le montrer. Sur une table, un cadavre est découpé, des seaux contiennent toutes sortes de fluides et d'organes humains. C'est là que l'abbé construit ses golems, comme celui qui doit se marier avec Strahd, Vasilka.
Toujours avec l'air de ne pas y toucher, l'abbé nous explique qu'il a pu construire Vasilka, le golem de chair, grâce aux pouvoirs de Saint-Markovia, un des Seigneurs de l'Aube. Celui-ci lui accorde aussi la possibilité de relever les morts.
Devant notre air inquisiteur, il explique que ce qu'il fait n'est pas le mal dans cette contrée qu'est la Barovie. Chaque territoire a ses coutumes, et manipuler les chairs est une tradition locale. De plus, ce sont les villageois qui le fournissent volontairement de la chair de leurs défunts !
Hagbard menace l'abbé sur cette affirmation : il va se renseigner auprès des villageois et si cela s'avère être faux, il paiera pour ses actes.
Peu impressionné, l'abbé accepte de poursuivre la discussion, mais insinue tout de même qu'il ne faudrait pas aller plus loin dans la provocation.
Comme je lui dit voir en lui quelqu'un de sage et qu'il évoquait les contrées extérieures dans son discours sur les coutumes locales, je lui demande s'il existe des méthodes pour quitter le pays. On ne peut le quitter que lorsque notre heure est venue, ou lorsque la Barovie nous laisse sortir. Il ne nie pas lorsque j'avance que c'est Strahd qui nous a fait venir et peut nous renvoyer chez nous.
D'ailleurs, je lui propose notre aide pour sa mariée et pour trouver la robe blanche qu'il cherche. Cela nous permettra peut-être d'être invités au mariage du comte afin d'obtenir une entrevue ? L'abbé est enthousiaste à cette idée, car il ne lui reste qu'un mois pour trouver la robe qu'il cherche.
Mais il est l'heure pour nous de quitter les lieux, Hagbard devient de plus en plus rouge de colère et je crois qu'il ne se contiendra pas longtemps ; Mehmet est aussi franchement négatif envers l'abbé. Je lui demande donc la permission de nous retirer le temps que je calme mes amis ; je reviendrai pour parler du service que l'on peut lui rendre.
Nous retournons donc au village.
Je déploie des trésors de diplomatie pour faire accepter à Hagbard, et même à mon frère, l'idée de collaborer avec l'abbé. Mehmet me reproche mon attitude trop conciliante et ma conduite par rapport aux préceptes dans lesquels nous fûmes élevés. Je ne manque pas l'occasion de lui rappeler sa lâcheté vis-à-vis des Martikov !
Bref, je parviens à leur faire comprendre que le but n'est pas de tuer allègrement l'abbé parce qu'il commet des horreurs avec les défunts, ce n'est qu'une vision à court terme. L'abbé peut être notre porte d'entrée vers Strahd et au moins il est amical. Sans doute dangereux, mais ouvert et amical, et surtout potentiellement utile. L'aider nous permettra d'aller ouvertement rencontrer le comte von Zarovich.
Hagbard fixe la limite : il ne doit pas avoir menti en disant que les villageois consentent à donner leurs morts à l'abbé.
Nous demandons au baron si la population est au courant des agissements de l'abbé. Il est révulsé par ce que nous lui avançons. Jouer avec les cadavres semble donc être vraiment une coutume très, très locale, circonscrite aux murs d'enceinte de l'abbaye !
Il faut toutefois prouver nos assertions, pour nous et pour Krezk. Pendant que Mehmet et Hagbard vont sous la direction du baron visiter quelques tombes afin de voir si les corps ont disparus - et certains ont bien entendu disparu - je m'entretiens avec Ireena qui vient juste de se réveiller.
Je pars dans le but de ne pas la ménager.
Avec ce qu'il s'est passé la veille, elle nous doit des explications. Pourquoi nous a-t-elle vraiment menés à Krezk ? L'abbaye est-elle vraiment le lieu de sagesse et de grand désespoir dans lequel nous trouverons, d'après les cartes, un allié ou l'a-t-elle fait miroiter ainsi pour que nous l'y accompagnons ? Et aussi, est-elle Tatyana von Zarovich, ou sa descendante, ou sa réincarnation ?
Ses explications n'apportent hélas pas de vraie réponse et cependant, elle parvient à me convaincre, pour le moment en tout cas.
Elle raconte qu'elle a eu de nombreux rêves où elle se voyait à Krezk et ressentait enfin la quiétude qu'elle n'a jamais eu depuis que Strahd la poursuit. Elle ne connaît pas cette Tatiana et ne se souvient pas de ce qu'il s'est passé hier avec le fantôme de Sergeï et que je dois le lui raconter moi-même, bien que ne l'ayant pas vécu.
Bref, nous voilà avancés !
Mon hypothèse est que Strahd voit en elle Tatyana, la femme de son frère qui s'est refusée à lui jusqu'à la mort. Est-ce une simple ressemblance ou autre chose, je l'ignore, mais je ne crois pas à la seule ressemblance physique.
Strahd l'aurait alors guidée à Krezk par des rêves induits afin de rencontrer l'abbé, que ce dernier puisse consacrer leur mariage, plutôt que de lui présenter un golem. Je ne vois pas trop l'utilité de l'apparition du fantôme dans tout cela et la colère de Strahd. Peut-être le fantôme était-il la passerelle vers l'abbé ?
Je lui demande donc, maintenant qu'elle sait qu'elle ne sera tranquille nulle part, de nous accompagner dans notre quête pour mettre fin à la folie du comte.
La première étape est de la présenter, en tant que Tatyana, à l'abbé, pour qu'elle remplace Vasilka.
Elle accepte de servir d'appât, mais avec toutefois ce manque d'enthousiasme qui la caractérise - la mort de son frère n'arrangeant rien alors que j'espérais que cela aurait pu la galvaniser.
La découverte des tombes vides a par contre motivé le village, remonté et prêt à partir exercer sa colère envers l'abbé. Je parviens toutefois à les convaincre de nous laisser trois heures pour discuter avec lui, peut-être parviendrons-nous à l'amener au village pour se faire juger.
J'en profite pour essayer d'en savoir plus sur la famille Belview. Elle n'est plus au village depuis très longtemps, avant même que le baron ne soit né. Il se souvient juste qu'ils étaient maudits, mais il ignore maintenant, comme tout le monde, pourquoi et comment.
Je présente mon plan à Hagbard et à mon frère. Hagbard fait même quelques suggestions utiles et constructives et je repars plein d'espoir vers l'abbaye.
Nous sommes accueillis par un des monstres dont parlait l'abbé. Au bluff, je tente de le saluer par son nom - je tente Otto, l'un des deux autres encore sociable - et il est surpris. C'est bien lui. Du coup, il consent sans discuter à nous conduire à l'abbé.
Ce dernier est attentif à ma présentation d'Ireena et semble accepter l'idée, malgré le fait que cela mette sa création, Vasilka, sur la touche.
Mais il nous demande de le suivre afin qu'il vérifie dans le livre de Strahd s'il a un portrait de Tatiana, afin de voir si c'est bien elle.
Nous le suivons mais, c'est une embuscade. L'abbé nous prend en tenaille entre d'un côté la famille Belview rassemblée dans toute son horreur et de l'autre l'abbé, un monstrueux golem de près de trois mètres et Otto.
Resté à l'arrière avec Ireena, j'essaie de contenir les Belview, les gelant sur place. Mais l'abbé dévoile sa puissance, se transformant en une sorte d'ange déchu, paré de grandes ailes, d'un regard perçant, et d'une impressionnante masse irradiante de lumière.
Mehmet se faire marcher dessus par le golem et Hagbard, bien que solide, ne tiendra pas longtemps.
Je parviens à mettre hors d'état de nuire les Belview lorsque l'abbé s'approche de moi à tire d'aile. Je sais que je ne résisterai pas à un seul coup de sa formidable masse et je disparais promptement dans la brume pour réapparaitre à l'étage et soutenir de plus loin Hagbard.
Ici, une vistani vêtue comme une voleuse disparaît derrière une porte, surprise en me voyant sortir des brumes. Qui est-elle ? Une voleuse, une visiteuse ?
Je n'ai pas le temps d'éclaircir cela et, distrait, je dirige par erreur mon souffle gelé vers Ireena qui était sur la trajectoire. Elle tombe inanimée !
Il ne reste plus que Hagbard et moi. L'abbé le roue de coups et je ne parviens pas à le défendre efficacement. Le nain finit par rendre grâce. Je me rue sur Ireena et la menace de ma lance.
La ruse fonctionne, d'autant que j'avais visé Ireena auparavant. L'abbé ne semble pas disposé à ce que je la tue et est prêt à discuter. Il paraît que je l'amuse. Je ne suis plus trop en position de faire le coq, mais cela ne m'empêche pas de nous défendre par les mots plutôt que par les armes.
Il m'explique qu'il savait bien qu'on ne revenait pas pour discuter et qu'il nous a tendu une embuscade pour nous éviter de nuire.
Je lui rappelle qu'il nous a expliqué plus tôt que si nous étions là, c'est que peut-être Strahd le voulait et que nous avions un rôle à jouer. Ce rôle n'est sans doute pas de finir, là, sous des coups de masse. Notre rôle est peut-être de ramener Tatyana à Strahd. Lui, l'abbé, pourrait en tirer un grand bénéfice et, bien qu'il craigne que nous attentions à la non-vie de son suzerain, je lui rappelle que nous n'avons même pas réussi à l'abattre lui. Qu'en serait-il du comte réputé pour être un formidable combattant ? Nous souhaitons juste quitter la région et si ça doit en passer par lui remettre Tatyana, soit !
Il semble être convaincu qu'il a plus à gagner qu'à perdre et accepte que je soigne mes camarades, heureusement tous en vie. Il me rédige la lettre d'introduction pour le comte que je demandais et remet sur pieds les blessés avec l'aide de ses prières à Saint-Markovia !
Au passage, j'essaie d'en savoir plus sur la vistani qui était là. S'il est surpris, il le cache bien et indique que c'est son invitée.
Nous pouvons alors quitter l'abbaye sur nos jambes peu avant que les villageois n'arrivent. Hagbard et moi parvenons à convaincre le baron que l'attaque serait du suicide.
Je demande à ce qu'on retourne en ville, que je ne peux pas parler aujourd'hui mais que j'expliquerai tout demain.
Après une nuit d'un sommeil tourmenté, je réunis Ireena, le baron, Mehmet et Hagbard. Je dissipe toute magie de la pièce au cas où l'abbé pourrait nous surveiller grâce à des pouvoirs de divination et je leur explique ce qu'il s'est passé.
Je convainc surtout le baron de ne pas attaquer l'abbé. Ce serait du suicide. Même si leur situation est peu enviable, l'abbé a le village sous sa coupe et empêche Strahd d'y exercer ses méfaits.
Il faudra juste qu'ils organisent autrement leurs enterrements pour éviter le pillage de tombe et attendent que nous puissions les libérer en libérant le comte von Zarovich de ses tourments !
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